Facile, je suis né 2 ans après le premier vol du Concorde, en 1971 donc.
Coïncidence amusante, l'année de ma naissance l'Almanach des P.T.T. présentait la couverture suivante.
Pourquoi avoir choisi de réaliser un simulateur de vol de Concorde, d'abord ?
- Parce que, et puis c'est tout... (pour faire court)
Ah non ! Vous voulez en savoir plus ?
Bien, alors pour tout vous dire de ma passion de l'aviation, ce qui me plaît particulièrement avec Concorde, c'est son côté technique très intéressant à étudier, une synthèse en quelque sorte parce qu'il est complexe.
D'ailleurs en termes de performances, avec quels autres avions peut-on réellement le comparer ?
Aucun, justement.
Il y avait bien le TU-144, également supersonique civil, mais l'aventure fut très courte et il présentait beaucoup de différences.
Ce qui est vraiment unique avec Concorde, c'est le fait de cumuler toutes les particularités.
Parce que pour chaque spécificité, à chaque fois on peut trouver bien mieux, mais un avion qui fait tout à la fois, alors là la liste diminue sérieusement.
Concorde, contrairement aux autres avions de ligne, n'a jamais une altitude de croisière totalement stabilisée.
Il arrive tout aussi régulièrement qu'il descende très légèrement avant de remonter encore plus haut si les paramètres fluctuent, tout simplement parce que ce bolide est étudié pour la performance maxi et vole donc au plafond de propulsion.
Cet avion défie toutes les lois de la logique, plus il vole lentement, plus il consomme et plus aussi il diminue alors son rayon d'action.
Dans un avion de ligne classique, à 30.000 ft les passagers pourraient avoir froid.
En Concorde, à cause de l'échauffement cinétique, on cherche avant tout à les refroidir, alors que pourtant à l'altitude où vole l'avion "ça caille" franchement dehors.
Pour faire demi-tour, Concorde a besoin d'un rayon de virage de plus de 50 Km, une fois lancé à pleine vitesse.
Cet avion dépasse n'importe quel autre liner au moment de son décollage et ce, moins de 25 secondes après la mise en puissance puis le lâcher des freins.
Son aile, suite à l'échauffement inégal entre l'extérieur et l'intérieur de la structure, se déforme même très légèrement à Mach 2 pour prendre un profil optimisé, qui d'ailleurs a fait l'objet d'améliorations entre les protos et les Concorde suivants pour encore grapiller de la performance.
Malgré l'absence de volets d'atterrissage, des becs de bord d'attaque, ou encore des aérofreins, l'aile de Concorde, de forme très complexe, est en réalité plusieurs ailes en une seule : dans le sens aérodynamique du terme.
En effet, de conception (ah ! ce Servanty, quel génie ! ) tous les profils répartis un peu partout sur l'aile sont optimisés en fonction des incidences et des vitesses sur l'ensemble du domaine de vol.
Il y aussi le côté esthétique de l'avion, fruit de calculs mathématiques.
Un Concorde, on ne devrait pas en parler si on ne l'a jamais vu en vol.
- Eh bé, Père François, t'es plutôt tranché sur le sujet !
- Oui, car je pense que si vous n'avez jamais vu un Concorde en vol, (les vidéos ou photos n'ont rien de comparable) eh bien, je vous le dis très franchement, vous avez raté quelque chose !
Car de tous les avions, c'est un des seuls (avion civil et de ligne) à offrir un spectacle incomparable.
Ses vortex de bouts d'ailes sont magnifiques à l'atterrissage et un avion qui vous salue de son nez ou qui se cabre du haut de sa grandeur (à l'atterrissage le nez est très haut car c'est une grande aile delta qui doit se poser) cela est franchement peu commun et tient plus du spectacle visuel que du transport.
Même le personnel des aéroports, habitué à voir des avions toute la journée, relevait souvent la tête pour admirer le spectacle Concorde, un signe quand même.
Et non, ce n'était pas juste à cause du bruit... (Rires)
Vous ai-je convaincu ?
- Non...
- Mince alors !
Apprenez cependant qu'après avoir passé mon brevet de pilote privé, j'avais construit ce premier petit simulateur rudimentaire pour approfondir certaines conditions du vol.
Souhaitant réaliser un autre simulateur d'avion nettement plus performant, j'ai alors hésité, pas longtemps, entre les caractéristiques d'un avion de ligne et les performances d'un avion militaire.
J'ai pris le seul qui faisait les "deux", c'est-à-dire... ???
- Concorde.
- Bravo ! je vois qu'on progresse.
- Mouais...
En connaissez-vous beaucoup d'avions qui offrent la possibilité de rattraper le soleil qui va se coucher ?
Un avion qui offre la possibilité de suivre une éclipse totale de soleil sur une durée record de 1 heure et 13 minutes, alors que le phénomène visible au sol ne dure généralement pas plus de 4 à 5 minutes ?
Un moyen de transport qui vous permet d'entrevoir la courbure de la Terre ou donne un premier aperçu de la couleur de l'espace ?
- Toujours sceptiques ?
- Assurément.
- Aie ! et vous n'avez pas de cœur en plus...
Bref, quoi qu'il en soit, je me suis lancé dans la construction d'un simulateur de vol Concorde à l'échelle 1, presque totalement fonctionnel (c'est le but final) qui ressemble à ça aujourd'hui.
Aimant l'art du pilotage, ça me semblait la manière la plus évidente, comme la plus réaliste, même si ça ne reste qu'un simulateur, pour étudier le merveilleux travail d'équipe sur une formidable machine très en avance sur son temps.
Ce projet m'offre également cette chance d'apprendre au travers des expériences des professionnels ou des passionnés.
En fait, ça fait bien longtemps que je ne cherche plus à vous convaincre.
Une toute dernière remarque au sujet de Concorde : vous avez dû lire la totalité de cette page en 2 ou 3 minutes.
Pas de place pour l'improvisation sur Concorde et d'approximations de ce style, car entre 2 ou 3 minutes, c'est soit 72 Km, soit 108 Km de parcourus...
Les équipages de cet avion le savent trop bien, c'est un métier et précisément, leur boulot m'intéresse.
Donc, tout Concorde et c'est franchement agréable…