Ceux qui me connaissent savent bien que je me délecte toujours à l'idée d'avoir quelques belles pièces aéronautiques entre les mains, ceci pour les étudier et en apprendre plus sur le fonctionnement des systèmes.
Cette rubrique n'a d'autre prétention première que de vous montrer quelques belles pièces, et par la même occasion de vous en dire quelques mots.
A suivre 2 superbes "indicateurs" d'altitude, l'un de provenance Dassault Mercure et l'autre Concorde.
Merci aux nombreux contributeurs pour leurs prêts des pièces, ils se reconnaîtront forcément.
Les photos sont de moi, un grand merci aussi à Gilles pour son expérience sur Concorde irremplaçable.
Indicateurs d'altitude : Dassault Mercure à gauche et Concorde à droite
Très peu de différences à première vue entre ces 2 indicateurs du même fabricant Jaeger, et pourtant en regardant de plus près ils présentent des différences sensibles.
Petit descriptif de l'indicateur de gauche qui était installé dans le liner Dassault Mercure
- Fanions rayés de couleur orange rabattus sur les tambours chiffrés en cas de dysfonctionnement ou non alimentation électrique.
- Voyant d'alerte ambre en haut à gauche lorsque l'altitude de vol affichée diffère sensiblement de celle pré affichée.
- Molette noire de sélection barométrique de 740 à 1050 mbar + correspondance en Hg, située en bas à gauche.
L'altitude pression lisible (altitude) par le pilote, aiguille + chiffres, est une recopie de l'information synchro venant d'un traducteur d'altitude installé ailleurs dans l'avion.
Plus clairement, ce n'est donc pas un altimètre autonome car il ne fonctionne que via des signaux électriques reçus.
Strictement aucune pression barométrique n'est reçue sur cet indicateur, uniquement des signaux électriques.
En appellation stricte et précise, car on pratique souvent ça en aéronautique, c'est un indicateur d'altitude et non un altimètre !
Passons à l'altimètre de droite que l'on retrouve dans un Concorde de série
Quand on sait ô combien l'avion est complexe et qu'on a toujours recherché à sécuriser ou dupliquer ses systèmes au maximum dans un minimum de place, cet instrument n'échappe pas à la règle.
En effet il comporte 2 modes : un normal et un secours. (Même format que le boîtier de l'avion Mercure mais deux en un cette fois pour ce que l'on retrouve dedans !)
En mode normal, il fonctionne sur le même principe que celui du Mercure, via des signaux électriques.
En mode secours (position S), voir le petit basculeur en bas à droite (avec rappel via fanion coloré dans une lucarne en haut et en plein milieu) cette fois c'est un vrai baromètre ou altimètre qui fonctionne par mesure de pression barométrique.
On remarquera également une bien meilleure lisibilité sur ce dernier, soins apportés sur la taille des chiffres notamment sur les dizaines en caractères plus grands, ou d'autres détails comme le choix des contrastes, propres à Concorde.
La petite partie amovible, sur le coin en haut à droite de la façade de l'instrument Concorde, donne accès aux ampoules de rétro éclairage.
1 - Voyant d'alerte Altitude (ambre) : Clignote, s'éteint ou reste allumé fixe, suivant les modes d'acquisition sélectionnés au PA/DV
2 - Petite partie amovible rendant accès à la partie dédiée au rétro éclairage ou au changement des ampoules, voir autres photos plus bas.
3 - Aiguille d’altitude : 1 tour pour 1000 ft
4 - Volet de rappel du mode de fonctionnement de l'altimètre :
ADC (noir) = mode Normal
STBY (orange) =mode secours
5 - Compteur d’altitude avec fanions rayés de dysfonctionnement ou non alimentation
6 - Index aide-mémoire : ils coulissent sur la couronne extérieure du cadran
7 - Rappel du calage barométrique sélecté via le bouton de calage (voir 8)
8 - Bouton de calage barométrique : plage de réglage de 740 mb à 1050 mb correspondance de 21.85 à 31 inhg
9 - Inverseur de mode : Normal :N fonctionne par rapport aux données ADC1 ou ADC2
STAND-BY S : L’altimètre reçoit la pression statique de la perche du nez (voir autres photos plus bas)
Quand on observe au dos maintenant, les explications précédentes sont confirmées visuellement.
Car seul l'altimètre Concorde comporte une prise supplémentaire pour un raccordement pression, mode S.
Dans un cockpit de Concorde on trouve 2 exemplaires de cet instrument, ce qui veut dire que sans le moindre dysfonctionnement à bord, il y a donc déjà 4 moyens de lire une altitude.
Détails sur la platine amovible de l'instrument, permettant un accès facile aux ampoules de rétro éclairage, sans avoir à retirer l'instrument de l'aéronef, pratique pour la maintenance.
Gros plan sur les contacteurs du fond.
La platine amovible, avec son système de visserie et ses 4 ampoules.
Inverseur de mode ici en position Normale (sélecteur situé en bas à droite)
Le rappel de mode sur fond orang lui par contre indique STBY !
Aucun dysfonctionnement cela tient juste au fait que l'instrument n'est pas alimenté électriquement sur cette photo et la logique interne non activée.
Et sur cette toute dernière photo : Inverseur de mode ici en position STBY + rappel de mode sur fond orange indiquant la même chose.
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Tous mes remerciements au Cmd Christian Voog, m'autorisant à reprendre ses mémos techniques, et qui viendront en conclusion de mes pages, dès que le sujet s'y prêtera.
"Un altimètre est un baromètre : il mesure la pression de l'air de l'endroit où se trouve l'avion.
Les prises de pression statique sont les petits trous de chaque cote du fuselage vers l'avant.
Il ne nous intéresse guère de savoir qu'on vole a 670 millibars ; on veut connaitre notre altitude.
Mais l'altitude par rapport à quoi ?
Au niveau de la mer ? Au sommet du Mont-Blanc ?
Choisissons le niveau de la mer.
On écoute les infos météo pour connaitre la pression au niveau de la mer de l'endroit survolé ( par exemple 1020 mb ) et on introduit manuellement cette valeur dans l'altimètre.
L'altimètre effectue la soustraction 1020 - 670 = 350 mb et convertit le résultat en pieds en utilisant les données de l'atmosphère standard.
1020 à 1013 = 7 mb = 196 ft ( 1 mb = 28 ft dans les bases couches )
1013 à 670 = 11.000 ft ( feuille de l'atmosphère standard )
L'avion vole à 11.196 ft
Pour atterrir à Roissy, Concorde utilise la pression au niveau de la mer ... sous Roissy !